Commerçant

Gilles Levasseur

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À l'exemple de nombreux jeunes entrepreneurs, Gilles Levasseur avait l'idée d'accorder les joies de la famille avec un projet professionnel qui a du sens lorsqu'il a repris la destinée de la célèbre droguerie Masse.

Malgré les obstacles, il a gagné son pari d'une nouvelle vie à Aubagne. Depuis 1951, les neuf lettres sautillantes et colorées de cette enseigne ont attiré une clientèle aubagnaise fidèle et exigeante. Une droguerie, c'est un peu l'odeur de notre enfance, un mélange de savon de Marseille, de cirage, la corde des espadrilles, une pointe de lavande.

Droguerie, un mot un peu désuet, une activité en voie de disparition, avalée par les grandes surfaces et le commerce en ligne. Et pourtant… Pour peu qu'on change légèrement son point de vue, qu'on prenne la peine d'étudier sérieusement la question avec les outils de gestion et de communication d'aujourd'hui, la reprise d'un commerce traditionnel comme la droguerie Masse n'a rien d'un coup de pile ou face. C'est ainsi que l'a envisagé Gilles Levasseur à la naissance de son premier enfant: happé par une carrière dans la logistique internationale, il a la volonté de faire une cassure et tout remettre à plat.

« Par le bouche-à-oreille, j'ai appris que la droguerie était à reprendre, les propriétaires souhaitaient que l'activité perdure. C'est l'un des plus vieux magasins d'Aubagne, plus de soixante-dix ans avec la même activité, dans le même lieu. À l'époque, la famille Masse possédait d'ailleurs plusieurs drogueries en ville… » L'envie de revenir travailler à Aubagne, sa ville, de passer plus de temps avec sa famille, est forte : il contacte les propriétaires et la famille Masse, évalue l'affaire avec son expérience de logisticien.

Le passage de témoin est un exemple de transmission réussie. « Mon prédécesseur m'a accompagné un certain temps. Mme Masse est toujours présente pour m'aider si besoin. Mais je suis plus technicien que commercial et j'ai dû apprendre un nouveau métier ! » Premier écueil, ne pas rompre les contrats existants et profiter de l'expérience, respecter les fournisseurs et les clients. « Je connais Aubagne et les Aubagnais me connaissent. Les gens apprécient les marques et les recherchent. J'ai une clientèle plutôt âgée, autour des 60 à 80 ans, pratiquant peu Internet, et qui voudrait presque pouvoir se garer devant le magasin! Mais petit à petit cette clientèle se rajeunit, et j'ai pu entamer un virage vers les arts de la table et le textile, des produits et des maisons plus haut de gamme. »


Si 80 % de ses références restent les mêmes, Gilles Levasseur suit les nouvelles tendances et les évolutions des modes de vie: avec les restrictions sanitaires, les clients ont redécouvert le plaisir de cuisiner, de faire son pain, de soigner son intérieur avec des produits de qualité. « Sur certains produits, les gens viennent parfois de Toulon ou d'Avignon ! » Le numérique et les réseaux sociaux sont devenus un élément de choix de plus en plus important, qui mérite qu'on y passe le temps nécessaire.

Le revers de la médaille, c'est justement le temps qu'il pensait pouvoir s'accorder en dehors de la boutique, d'autant que pour pouvoir survivre pendant les confinements il a pris la décision d'ouvrir 7 jours sur 7 en tant que commerce essentiel. En outre les dernières années ont vu s'accumuler une succession de difficultés pour les commerçants « qui se terminent en apothéose avec la Covid-19. Pour l'année prochaine, on n'attend plus que les sauterelles ! » s'amuse Gilles Levasseur. Toutefois, confiant en l'avenir, il appuie sa réussite sur deux piliers solides : « J'ai un côté rigoriste pour la gestion et je privilégie la notion de service: sourire, contact, sincérité, je suis là pour donner des conseils, ou simplement changer les piles s'il le faut. En quelques minutes les clients nous confient leur vie, nous gardons le lien avec les familles. Finalement c'est cela que je recherchais… »