Auguste Chabrol

Découvrez la belle histoire d'Auguste Chabrol, ébéniste sans histoire qui est devenu Juste parmi les Nations en aidant son ami Edgar Zmiro à se cacher de la Gestapo au péril de sa propre vie...

Une vie ordinaire...

François Auguste Chabrol naît le 5 juin 1874 au 14 rue Beaumont à Marseille. Fils de menuisier, il embrassera lui aussi cette profession pour devenir ébéniste. Le 11 octobre 1916, il se marie dans les Pyrénées, à Montauban de Luchon, avec Bertrande Amare. En 1920, il acquiert une maison rurale au quartier des Espillières qu’il utilisera comme atelier. Homme pieux (il a fait son séminaire), il apprécie la compagnie du pasteur Arnera avec lequel il parle théologie pendant des heures.

... un acte extraordinaire

A l’automne 1941, pendant l’occupation allemande, Edgar Zmiro, un commerçant Oranais père de trois enfants fuyant Paris et la France de Vichy, emménage dans le château de la Sablière qui se trouve être voisin de la propriété de Chabrol. Les deux hommes se lient d’amitié et Edgar Zmiro, juif, se joint facilement aux débats spirituels de son voisin avec le pasteur.

Mais un matin de la fin de l’année 1942, une lettre anonyme parvient à Edgar Zmiro pour l’avertir qu’il avait été dénoncé et que son nom circulait à la Kommandantur de Marseille. Il s’est avéré plus tard que cette lettre avait été écrite par Mireille Lauze, jeune postière, militante communiste et résistante de la première heure. Auguste Chabrol propose alors de le cacher dans une remise située sous son atelier et à laquelle on ne pouvait accéder que par une trappe. Zmiro y restera pendant 18 mois, ne sortant que le soir pour partager le maigre repas d’Auguste Chabrol, échappant ainsi à la Gestapo.

Une reconnaissance posthume

Même après la guerre, le secret restera bien gardé. Seuls la femme et les enfants d’Edgar Zmiro, qui s’étaient réfugiés dans les Ardennes grâce à de faux papiers, étaient dans la confidence. Auguste Chabrol refusera toujours quelconque dédommagement de son ami ou quelconque hommage, si bien que lorsqu’il décède le 28 juin 1955 à Aubagne, il emporte son secret dans la tombe.

Zmiro meurt en 1962 et sa veuve en l’an 2000. C’est alors que leur fille Francine décide qu’un hommage doit être rendu au sauveteur de son père et écrit à l’institut Yad Vashem afin de faire reconnaître Auguste Chabrol comme « Juste parmi les Nations ». Après près de 7 ans d’enquête, l’Institut lui octroie à titre posthume le titre de « Juste parmi les Nations » le 17 décembre 2006. N’ayant pas de descendance, c’est au Lycée professionnel Gustave Eiffel, reconnu pour son travail de mémoire auprès de ses élèves, que la Médaille des Justes est remise le 13 novembre 2007. A l’entrée du Lycée, une plaque commémorative rappelle désormais cet événement.

Le saviez-vous ?

  • Le château de la Sablière abrite aujourd'hui le centre-aéré des Espillières !
  • En 1965, grâce à Antoine Rey, voisin d'Auguste Chabrol, le chemin qui menait à sa maison a été nommé chemin Auguste Chabrol.
  • Chabrol est le seul Aubagnais à avoir été reconnu Juste parmi les Nations.
  • Le Lycée Gustave Eiffel est la première institution à recevoir la Médaille des Justes, qui n'avait été attribuée alors qu'à des personnes.