Claude Sicard

Figure méconnue de notre ville, Claude Sicard n'en est pas moins un des enfants les plus illustres. Précurseur de l'égyptologie, il parcourt le Nil et découvre de nombreux sites antiques jusque là inconnus des Européens.

Un ecclésiastique érudit

Claude Sicard est né le 4 mars 1675 à Aubagne. Issu d’une famille bourgeoise, il grandit au milieu de quatre sœurs et deux frères. Le 8 septembre 1692, il entre dans la Compagnie de Jésus à Avignon et finit ses études à Lyon. En 1706, il part pour Alep en Syrie où il étudie le turc, l’arabe et le copte, alors qu’il maîtrisait déjà le grec et l’hébreu. Il devient ensuite en 1712 supérieur d’une petite résidence jésuite du Caire avec pour mission la conversion des coptes au catholicisme. Il en profitera pour sillonner l’Egypte pendant 14 ans.

Le père Sicard, égyptologue avant l'heure

Pionnier de l’égyptologie, Claude Sicard, lors de ses 22 voyages le long du Nil, découvre et décrit in situ de grands monuments de l’Egypte Antique : Philae, Louxor, Hermopolis, Dendera, Eléphantine… Selon Christian Jacq, il est le premier à contempler les portraits d’Akhenaton et Néfertiti adorant le dieu unique Aton. Dès 1720, il est officiellement chargé par Versailles d'effectuer des missions de reconnaissance en Egypte avec une promesse de financement, mais il n'obtiendra les fonds nécessaires de la couronne qu'en 1726. Cette année-là, il rentre au Caire pour aider la population lors d'une épidémie de peste, contracte la maladie et en meurt le 6 avril.

La production écrite du père Sicard est difficile à évaluer car publiée de façon très dispersée. Certaines de ses lettres ont été compilées dans les Lettres édifiantes et curieuses concernant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique et quelques cartes de ses mémoires ont été sauvegardées. Il n’a malheureusement jamais pu terminer son ouvrage où il souhaitait compiler toutes ses recherches, mais l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire (IFAO) a publié l’intégralité de ses travaux en 1982.

La postérité

Dans sa Statistique de la commune d’Aubagne, Edouard Masse accuse Claude Sicard d’avoir brûlé pendant sa mission des manuscrits égyptiens qu’il considérait comme de la magie, affirmation reprise par Sicard lui-même dans ses correspondances. Selon Maurice Martin, qui a longuement travaillé à la publication des écrits de l’Aubagnais à l’IFAO, il ne s’agissait pas d’anciens écrits égyptiens mais d’ouvrages de magie populaire copte qui sont quand même parvenus jusqu’à nous.

Si aujourd’hui Claude Sicard est tombé dans l’oubli, ce n’était pas le cas lors de la construction en 1846 de l’obélisque de la place Pasteur. En effet, la « pyramide », comme on l’appelait alors, rendait hommage à trois Aubagnais : Urbain Domergue, François Barthélemy et Claude Sicard, « hommes illustres auxquels Aubagne s’honore d’avoir donné le jour ».

Le saviez-vous ?

  • Il écrit après avoir découvert Louxor et Karnak : « Ne me parlez plus de Versailles, de Paris ou de Rome ! »
  • En 1721, Claude Sicard effectue avec un franciscain et le chancelier du consulat du Caire, le pèlerinage de La Mecque. Pour ce faire, il est accompagné par son ami l’Emir El Hagg et se fait passer pour un esclave chrétien. Le récit très lapidaire de ce pèlerinage est raconté dans un article de la Revue de l’Orient Chrétien intitulé « Mélange » (t. XXVIII p.209-221).
  • Peu doué en dessin, Claude Sicard a demandé pendant des années que lui soit envoyé un dessinateur pour illustrer ses écrits. La cour lui en envoie un en 1721 mais Sicard le congédie presque immédiatement : le dessinateur, alcoolique, aggrave considérablement l’endettement de l’explorateur !