Les marquis de Barthélemy

Découvrez ici une dynastie aubagnaise méconnue mais ô combien importante pour notre ville et parfois même pour notre pays : les marquis de Barthélemy !

François de Barthélemy, premier marquis

Balthazar François Barthélemy est né à Aubagne le 21 octobre 1747. Neveu de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy qui le prend sous son aile à Paris, il est également protégé par le duc de Choiseul, ami de son oncle. Il débute dès 1784 une carrière de diplomate comme adjoint de l’ambassadeur de France à Londres, poste qu’il occupe jusqu’en 1791, année de sa nomination comme ministre de France en Suisse. Là-bas, il négocie avec succès les traités de Bâle, scellant la paix entre la France révolutionnaire et la Première Coalition.

Ses talents de diplomate et sa réputation de modéré le font nommer au Directoire de la Première République le 20 mai 1797. Soutenu par les monarchistes, François Barthélemy est déchu de son poste de Directeur lors du coup d’Etat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) et arrêté pour être envoyé en Guyane.

Arrivé à Cayenne en novembre, François est transféré en décembre dans le désert de Sinnamary au nord de la Guyane Française. Il y reste plus de six mois puis parvient à s’évader (en pirogue !) en juin 1798 grâce à l’aide d’un ami anglais.

Après le coup d’Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), François retourne en France. Le département des Bouches-du-Rhône le propose alors comme candidat au Sénat dont il devient finalement le vice-président le 24 pluviôse an VIII (13 février 1800). Opposé à l’Empire, il est malgré tout fait comte en 1808 et Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1811. Il préside l’Assemblée qui prononce la déchéance de Napoléon et se rallie à la cause de Louis XVIII lors de la Restauration. L’année 1814 est sans doute la plus faste de sa vie : il est nommé président du Sénat, pair de France et obtient le titre de marquis de Barthélemy qu’il transmet à son petit-neveu Xavier Sauvaire le 19 septembre 1829, quelques mois avant sa mort le 3 avril 1830. Il est aujourd’hui enterré dans la 28e section du cimetière du Père-Lachaise à Paris.

A Aubagne, François Barthélemy a surtout laissé sa trace en finançant une partie du monument érigé à la gloire de son oncle, l’abbé Barthélemy, en 1828.

Xavier Sauvaire, deuxième marquis de Barthélemy

François Xavier Sauvaire, est né à Marseille en 1800. Il passe toute sa carrière dans les différents appareils législatifs de l’Etat et du département des Bouches-du-Rhône. Il est entre autres nommé député de la Chambre Haute sous Charles X (1848) puis élu député de Marseille à l’Assemblée nationale législative et à l’Assemblée nationale constituante pendant la Deuxième République. Pendant ses différents mandats, il fait preuve de dévouement pour les nobles causes : opposition au maintien de l’esclavage, développement du chemin de fer et du port de Marseille, suppression de taxes, accessibilité de tous aux soins médicaux, liberté d’enseignement, etc…

C’est à lui que la Ville d’Aubagne doit le financement par l’Etat du tiers des travaux de déviation de l’Huveaune entre 1838 et 1842, travaux qui permirent la création du cours Legrand (actuel cours Foch), du cours Lafranchisque (actuel cours Voltaire) et du cours Barthélemy. Enfin, Xavier Sauvaire marquis de Barthélemy acquiert en 1868 la Villa Barthélemy lors d’une vente aux enchères.

Pierre Sauvaire, cinquième et dernier marquis de Barthélemy

François Pierre Sauvaire est né le 10 mai 1870 à Paris de l’union entre Joseph Charles dit « Gaston » Sauvaire de Barthélemy et Blanche de Rémont. Sa passion pour les voyages, il la doit sans doute à son père et à ses oncles, Léon et Wilfrid. En effet, tous trois étaient officiers dans l’armée française et participèrent à de nombreuses campagnes en Crimée, en Italie, en Algérie, au Sahara, au Maghreb, au Moyen-Orient ou encore au Japon. Il hérite du titre de marquis de son père, qui lui-même l'avait hérité de son frère aîné Léon.

Mais c’est sur l’Indochine Française que Pierre jette son dévolu. Dans sa jeunesse, il explore notamment des contrées encore inconnues du monde occidental telles que le nord du Laos, de l’Annam (actuel Vietnam) et une partie du Siam (actuelle Thaïlande). Pendant son périple, l’explorateur agit en véritable ethnologue, étudiant minutieusement les populations locales et les photographiant à de nombreuses reprises. Il s’intéresse particulièrement aux populations Moï de l’Annam sur lesquelles il écrit un livre, Au pays Moï, en 1904. Il publie également deux autres livres sur l’Indochine : En Indo-Chine (1899) et Mon vieil Annam (1925). Pour faciliter ses voyages, il acquiert un bateau à vapeur qu’il nomme « Mélita ».

Explorateur, ethnologue, chasseur invétéré, écrivain mais aussi grand colon. Parmi les constructions qu’il finance en Indochine, la plus notable est celle du port de Cam-Ranh au sud-est de l’Annam. Il recevra d’ailleurs la médaille de l’Ordre du Dragon d’Annam pour sa contribution au Protectorat.

Tout comme son père et ses oncles, le marquis rejoint les rangs de l’armée. Il prend part à la Première Guerre Mondiale en tant que capitaine de cavalerie dans le 1er corps d’armée colonial. Blessé lors d’une bataille, il reçoit deux croix de guerre avec palme et devient chevalier de la Légion d’Honneur en novembre 1914, puis officier en 1931 en qualité d’« ancien explorateur et colon de l’Indo-Chine ».

Les vingt dernières années de sa vie seront moins mouvementées. Il passe la plupart de son temps au château Barthélemy à Paray-Douaville, près de Paris, que François Barthélémy, premier marquis, avait acquis en 1829. Il est d’ailleurs élu maire de cette ville en 1925. Il aime beaucoup passer ses vacances à la Villa Barthélemy à Aubagne où il écrit ses Contes de Provence en 1936. Le marquis s’éteint sans descendance le 28 octobre 1940, mettant ainsi fin à la lignée des marquis de Barthélemy. Il est aujourd’hui enterré dans le cimetière de Paray-Douaville.

Le saviez-vous ?

  • Les propriétaires actuels de la Villa Barthélemy sont encore des descendants de la famille et sont toujours engagés pour les Aubagnais.
  • Lorsque l'abbé Barthélemy est emprisonné pendant la Révolution, c'est notamment grâce à son neveu qu'il est libéré.
  • Deux frères de Balthazar François connaîtront également un destin national : Joseph Anicet Barthélemy sera notamment conseiller général de la Seine, président de la chambre de commerce de Paris et administrateur des hôpitaux civils de Paris. Une rue porte son nom dans le XVe arrondissement. André Barthélemy, abbé de Courçay, remplace son oncle Jean-Jacques au cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale. Il est également nommé pendant un an président du Conservatoire de la BNF.
  • Le blason des marquis de Barthélemy est "d'azur au rocher d'argent mouvant de la pointe surmonté d'un soleil d'or".