Culture

Dictée Marcel Pagnol 2018

La Dictée Marcel Pagnol met au défi les amoureux de grammaire et d'orthographe de commettre le moins de fautes possible sur un texte du célèbre Académicien provençal.

Une dictée truffée de pièges... pour le plus grand plaisir de Daniel Picouly !

Samedi 27 octobre à l'Espace des Libertés, à l'occasion de la 2e édition de la dictée Marcel-Pagnol, plus de 250 participants ont eu le courage de se frotter aux filouteries orthographiques tout droit sorties de l'esprit farceur de l'émerillonné Daniel Picouly. Filouteries "bizarroïdes" qui venaient se faufiler dans un célèbre texte né de la plume de l'académicien aubagnais, Lili des Bellons (tiré du Château de ma mère).

« J'écris la dictée, moi l'ancien cancre en orthographe, et je me donne le plaisir et le privilège de faire faire des fautes aux autres... ça change, non ? » jubile (dans la reportage vidéo ci-dessous) le célèbre écrivain et animateur, co-auteur de cette dictée pour le moins canaille. Mais ce qu'il apprécie avant tout avec ce genre d'événement, c'est la « capacité de s'arrêter, d'être au milieu des autres et de faire, d'être concentré. C'est extrêmement rassurant de savoir qu'on a encore cette capacité-là ».

La dictée Marcel Pagnol écrite et lue par Daniel Picouly : quel enfer !

Texte de la dictée Marcel-Pagnol 2018, écrite et lue par Daniel Picouly le samedi 27 octobre 2018 à l'Espace des Libertés

Lili des Bellons

Lili quoique d’humeur bonasse, paraissait omniscient. Il savait tout : le temps qu’il ferait dès potron-minet, les sources cachées au tréfonds des ravins hadaux où l’on trouve, de-ci de-là, des champignons, pleurotes bien cachés, shiitakés (ou shiitakes) japonais ou autres succulents cryptogames saprophytes, des salades sauvages ébouriffées, des pins dégingandés aux effluves parfumés, et des arbousiers bizarroïdes ; il connaissait au fond d’un hallier spinescent, des pieds de vigne rouge-violet, ponceau, voire amaryllis qui avaient échappé au funeste phylloxéra. Pourquoi ce fléau abhorré, d’ordinaire létal, ne vinc-t-il ces ceps archaïques ? C’eût été logique. Ils mûrissaient deçà delà dans la solitude des grappes aigrelettes, mais délicieuses qui s’étaient donné rendez-vous là. Avec un roseau bleu-vert ou violet clair, il faisait une flûte gracile à trois trous. Puis il prenait une branche bien sèche de clématite. Cette herbe aux gueux d’antan fut longtemps prisée par les mendiants et chemineaux pour sa vertu urticante propre à faire naître ulcères allongés et escarres arrondies afin d’attendrir le passant. Lili en coupait un morceau entre les nœuds. Grâce aux mille huit cent quatre-vingt-quinze canaux invisibles qui suivaient le fil du bois, on pouvait la fumer comme un cigare de sybarite en sa thébaïde.

Aux jour et heure convenus, bien qu’on n’aperçût que son faîte lancéolé, il me présenta sans obséquiosité au vieux jujubier de la Pondrane. Par acquit de conscience, il me montra près d’un éboulis la Chante-pierre. C’était juste au bord de la barre, en à-pic derrière un remblai, près d’un abri-sous-roche prétendument préhistorique, une petite chandelle de roche lactescente, percée de trous ovés et de canaux. Toute seule, dans le silence ensoleillé, selon les vents - sirocco et harmattan privés de désert, autan déboussolé, foehn amène, vaudaire égarée - elle chantait a capella avec force trilles aigus de manécanterie séraphique, ou arpèges éraillés braillés à tue-tête et qu’on eût dit tirés d’un crincrin.

Autres éditions

Revivez en vidéo et en photos les autres éditions de la dictée Marcel Pagnol, et découvrez les textes qui ont été proposés à la sagacité des courageux compétiteurs !