Bastide La D'Orléans

Patrimoine

Les bastides d'Aubagne

En Provence, la bastide était par tradition une belle résidence secondaire, souvent lieu de villégiature en même temps que domaine agricole. Les alentours de Marseille, et Aubagne en particulier, offrent de superbes exemples de ces résidences spectaculaires que de grandes familles, dont la fortune était née du négoce et des activités portuaires, avaient choisi de faire construire au XVIe siècle.

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Le seul quartier des Solans, au pied du Garlaban, en recèle quelques-unes aux noms évocateurs : Favery, la d’Orléans, l’Olivette, la Joinville, la d’Aumale, la Nemours, la Napollone, la Ramelle, la Bastide bleue…

La vie dans les bastides constituait un véritable art de vivre : ces demeures offraient souvent un cadre de vie raffiné, sain et reposant aux grandes familles de la bourgeoisie marseillaise, loin de l’effervescence de la grande ville. En plus de leur fonction d’hôtel particulier, les bastides étaient souvent le cœur battant d’une activité agricole avec en premier lieu, la culture des oliviers et de la vigne, qui assurait la prospérité de « l’arrière-pays » provençal. On en dénombre une cinquantaine sur le territoire aubagnais : patrimoine culturel et historique, certaines appartiennent aujourd’hui à la commune ou à l’Etat. D’autres restent des propriétés privées et ont été réhabilitées, pour abriter des activités originales telles que la conception et la fabrication de spiritueux au château des Creissauds, ou bien pour devenir des résidences touristiques au cachet provençal authentique, comme La Royante et la Bastide de Beaudinard.

La bastide Magnan

L’origine de la bastide Magnan est représentative de la vocation agricole de ces belles demeures : elle fut aménagée en 1896 par Léon Magnan, riche industriel marseillais spécialisé dans le traitement des graines de coprah, sur un domaine de plus de 40 hectares avec vignes et bois dans le quartier de Fenestrelles. Celui-ci transforma la maison en bastide avec deux nouveaux corps de bâtiments de deux étages, multiplia par quatre le nombre de portes et fenêtres, orna les façades de moulures, de décors peints et de cabochons de faïence. À l’extérieur, un bassin d’agrément était alimenté, comme la bastide, par l’eau du canal de Marseille. Ce domaine est aujourd’hui au cœur du projet d’agriculture périurbaine bio, porté par la Ville d’Aubagne.

La Demande

Le domaine du château La Demande est connu des Aubagnais pour avoir accueilli le commandement de la Légion étrangère au sein du Quartier Viénot, inauguré le 30 avril 1963. Il est établi dès le XVIème siècle sur ces terres fertiles de la basse vallée de l’Huveaune, dans un quartier qui porte le nom de Camp-Major. Dominique De Demandolx (le nom Demande est né d’une erreur administrative), Lieutenant général civil à Marseille, hérita à la fin du XVIIIe siècle de la propriété qu’il conserva pendant l’époque révolutionnaire. En 1809, Jean-Philippe Richard se porta acquéreur et ce sont ses petits-enfants, Anatole et Arthur, qui firent réaliser d’importants travaux de réhabilitation et d’agrandissement de la bastide, qui devint ainsi le château de la Demande.

La Font de Mai

Le nom de la Font-de-Mai apparaît déjà dans les actes du XVIe siècle : issu du latin fons-fontis et du provençal font-fouent, il désigne une source naturelle, maï qui signifie « plus » indique une source où l’eau coule toujours. Henri Arnaud en est le propriétaire dans la première moitié du XVIIIème siècle. On y produisait à cette époque l’huile d’olive et chaque année 13 000 litres de vin, cuit, rouge, blanc ou piquette, stockés dans d’énormes cuves en pierre carrelées. Son descendant Emmanuel Jullien fit agrandir la bastide à la fin du XIXe siècle. Les incendies successifs entraîneront l’arrêt définitif des cultures au XXe siècle. En 1997, le domaine est mis en vente et racheté par la Communauté d’Agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume. Du point de vue architectural, le bâti, les menuiseries et le mobilier intérieur encore en place sont caractéristiques de la maison paysanne provençale simple et rustique, construite en plusieurs étapes selon les besoins de la famille.

Le château des Lignières

Occupé aujourd’hui par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), le Château des Lignières voit le jour en 1863, à l’initiative d’Hilarion Pascal, ingénieur puis inspecteur général des Ponts et Chaussées, qui l’agrandit ensuite en 1879 et fut aussi propriétaire d’une autre bastide aubagnaise : la Capuce, située chemin des Royantes. Réquisitionnée par les troupes allemandes puis françaises jusqu’en 1946, la demeure est vendue en 1957 à l’Etat pour permettre l’implantation d’un collège d’enseignement technique ainsi que la construction de l’autoroute A501. La Direction Départementale de l’Equipement prend possession du château en 1976 afin d’héberger la nouvelle subdivision d’Aubagne.

La bastide La Gauthière

Vers 1860, les époux Delanglade, héritiers du domaine de Louis-Charles Surléon de Gautier, effectuent d’importantes transformations sur la bastide qu’il héberge : la Bastide La Gauthière. Au premier étage, le plafond du grand salon de réception est mis en relief, animé par le croisement de hautes poutres apparentes. Un grand escalier à cage ouverte ajoute au faste du lieu. Si la façade principale, tournée vers le midi, conserve l’organisation générale des fenêtres du XVIIIe siècle, les Delanglade apposent à l’ensemble la touche propre au goût de l’époque pour les moulures : encadrement des fenêtres et de la porte, motifs sur les linteaux, corniche séparant les étages. Au sommet de chacun des piliers, le buste de madame côtoie celui de monsieur.
Depuis 1978, le domaine est la propriété de l’Association régionale d’aide aux infirmes moteurs cérébraux (ARAIMC) qui y a implanté un établissement de service d’aide par le travail (ESAT) bien connu des habitants.

La bastide La D'Orléans

Entre 1822 et 1898 la dynastie des Durrand aura acheté des terres aux familles Raud, Michel, Roman, Seigneuret, Devoulx, Camoin, Mélan, Reynaud, Revest, Negrel, Boyer et Sicard pour former la propriété de la D’Orléans, bastide plantée d’oliviers, de vignes et de bois sur l’un des coteaux ensoleillés du Garlaban. Propriétaire de la distillerie Durrand de Picard, Augustin la fait construire en 1885 sur une haute terrasse bordée de platanes. L’aménagement intérieur est fastueux et les jardins en font son originalité. La bastide arrive en 1913 par succession dans la famille Galinier, négociants en marbre. Elle subit le terrible incendie du Garlaban en 1979, l’année même où la famille Pieri, arrivant de l’Isère à la recherche de terres où cultiver des plantes médicinales, se porte acquéreur du domaine. L'exploitation est réorientée vers la culture de l’olivier avec la plantation de plus de 2 000 arbres de la variété aglandau. Gérard Pieri et ses enfants se sont lancés aujourd’hui dans la production d’huile bio issue de leur propre moulin.

Le château de Favary

En 1719 le propriétaire du grand domaine situé entre Lascours et Aubagne s’appelle François d’Albert de Faveri. En 1810, la propriété de plus de 100 hectares est rachetée par Louis Barbarin (à qui l’on doit pour l’anecdote la fameuse croix du Garlaban. Très pieux, il fait installer la première croix en bois le 3 mai 1826). La maison de maître est entourée de vignes, d’arbres fruitiers, de pinèdes, d’oliviers… On y produit du vin, du raisin sec, des figues sèches, des amandes ou encore des noix. La famille Barbarin agrandit sensiblement le domaine. Ce n’est qu’en 1860, sur décision de François Xavier (dit "Adolphe") Barbarin, que commence la construction du château de Favary, composé d’une vingtaine de pièces réparties sur trois étages.

La bastide de Beaudinard

La Bastide de Beaudinard est aujourd’hui une résidence touristique haut de gamme pour laquelle les propriétaires Yoann Da Costa et Olivier Baillache ont récemment obtenu le Label clé verte décerné par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. L’histoire de la bastide remonte au XVe siècle. Relais de poste à l'époque napoléonienne, riche d’une longue histoire de ferme viticole, elle a été magnifiquement restaurée ainsi que son parc de 6 000 m2, doté d’arbres centenaires.

La bastide La Royante

Au XVIIIe siècle, le domaine sur lequel est située la bastide La Royante est partagé entre les frères Jean-Baptiste et Joseph Long : les différents documents notariés décrivent environ 10 hectares constitués de terres cultivables, de vignes, de bois et d’un bâtiment divisé entre les membres de la famille. Une partie est acquise en 1801 par Antoine Blancard, marchand drapier aubagnais. Au XIXe, les différentes parties de la bastide sont réunies pour former une demeure de près de 300 m2. A partir des années 1870, la famille Broquier agrandit et transforme la propriété et la bastide : exhaussement, aménagement d’une chapelle néogothique, acquisitions de parcelles pour former un domaine de plus de 18 hectares constitués majoritairement de vignes et de bois. La bastide et ses jardins accueillent aujourd’hui des chambres d’hôtes haut de gamme.

Le château des Creissauds

L’origine du domaine qui abrite aujourd’hui le château des Creissauds remonte à la fin du XVIIe siècle : à la tête de cette propriété se sont succédé des bourgeois, magistrats ou négociants pendant plus de 200 ans. Au début du XXe siècle, son propriétaire, le négociant marseillais Henri Saver, est à l’initiative des grands travaux dans le bâtiment principal, qui firent passer celui-ci de la bastide traditionnelle au château. Aujourd’hui propriété de la société Maison Ferroni le Château des Creissauds s’est transformé en site d’élaboration et de production d’une gamme de spiritueux haut de gamme associant histoire, patrimoine culturel et richesses naturelles. Lieu de récolte et d’élaboration d’un pastis élaboré à partir des plantes fraîches du domaine cultivées ou récoltées à l’état sauvage, il accueille des visites guidées et des ateliers afin de découvrir le jardin aromatique, les chambres de macération, la distillation du rhum ou du whisky.

La villa Barthélémy

Enfin, la Villa Barthélémy est implantée au bord du quartier de la gare, qui provient des biens réunis à partir de 1762 par le seigneur d’Aubagne et évêque de Marseille Jean-Baptiste de Belloy. En 1836, M. de Roux, propriétaire de la Peyronne, rachète les parcelles de terrain autour de l’actuelle gare. En 1840, il fait construire une maison-restaurant. L’arrivée du chemin de fer en 1858 lui permet de faire une importante plus-value. En 1863, le Marseillais Joseph Vésin, ancien capitaine de cavalerie issu d’une famille bourgeoise de l’Aveyron, fait l’acquisition de la propriété. Il fait agrandir considérablement la maison pour lui donner son aspect actuel vers 1865. Deux ans plus tard, Xavier Sauvaire, deuxième marquis de Barthélemy, donne procuration à son fils Wilfrid pour acquérir la maison. Celle-ci ne quittera plus le giron familial. Le cinquième et dernier marquis, Pierre Sauvaire de Barthélemy, écrivain et explorateur de l’Indochine française, meurt sans descendance dans la villa le 28 octobre 1940.