Pierre Blancard

Le navigateur Pierre Blancard est passé à la postérité pour avoir ramené en Europe une fleur jusqu'alors inconnue dans nos contrées : le chrysanthème. Découvrez ici ses voyages, ses études mais aussi son lien avec Aubagne.

Le marin

Pierre Blancard est né à Marseille le 21 avril 1741 d’une mère marseillaise et d’un père ceyresten capitaine de navire. Il épouse en 1770 Marie-Claire Anne Guiol à Toulon, avec qui il aura quatre enfants. Dès l’âge de 18 ans, il commence à voguer dans les eaux antillaises avant de s’embarquer pour l’Extrême-Orient à partir de 1771, profitant de la suppression du monopole commercial de la Compagnie des Indes en 1769. On compte au moins six grands voyages effectués par Blancard :

1. Entre 1772 et 1773, il navigue en tant que capitaine en second sur la frégate La Thétis qui arrive jusqu’à l’Ile de France (Ile Maurice) et Batavia (Jakarta).

2. En 1773, il commande Le Gracieux depuis Le Havre et arrive à Ceylan (Sri Lanka) au tout début de l’année 1774. Le 7 mars, il arrive à Moka (Yémen) et le 30 juillet à Pondichéry.

3. Le 5 juin 1776, il part de Marseille avec le vicomte Paul de Barras. Il arrive à Madère le 27 juin, au Cap de Bonne-Espérance le 29 septembre et à l’Ile de France le 21 décembre où il restera pendant un mois et demi. Voulant rejoindre Pondichéry, son bateau fait naufrage aux Maldives. Le roi des îles, hostile aux occidentaux, le laisse repartir grâce à l’importance de son passager. Il rentre en France fin 1777.

4. Après avoir passé 5 ans sur la terre ferme, il repart de Marseille le 28 janvier 1783 sur la frégate La Saint-Charles sur fond de guerre contre l’Angleterre. Arrivé à l’Ile de France le 21 juin, il livre ensuite 500 tonneaux de munitions au bailli de Suffren à Trinquemalay (Sri Lanka). Il passe ensuite un an à commercer le long de la côte de Malabar.

5. Le 20 mai 1786, il embarque à bord de la même frégate Saint-Charles. Arrivé à Bombay en mars 1787, il part ensuite pour la Chine où il arrive en juillet. Entre août et décembre, il y fait commerce puis retourne en Inde puis rentre en France à la fin de l’année 1788. Entretemps, il est élu délégué par le luminaire Saint-Elme (corporation des marins de Marseille) et rencontre le roi Louis XVI le 25 juillet 1790 aux Tuileries pour lui apporter les hommages des capitaines de navires marseillais.

6. Toujours à bord de la Saint-Charles, rebaptisée l’Argonaute, il part de Marseille le 28 août 1791 (il a alors 50 ans) pour son dernier voyage. Il se rend à nouveau jusqu’en Chine où il commerce jusqu’en décembre 1792. De retour vers la France en avril 1793, un navire américain lui annonce que le pays est en guerre contre la Première Coalition. Jugeant que sa précieuse marchandise le rendait vulnérable, Blancard décide finalement de se rendre aux Etats-Unis. Il accoste à Philadelphie le 14 mai où il vend sa cargaison et son navire avant de rentrer enfin en France.

Un homme de science

Lors de ses voyages, Blancard étudie des phénomènes tels que la mesure de la longitude par les distances lunaires, les vents favorables à la navigation vers l’Inde ou encore la position d’écueils. Après son dernier voyage, il se consacre à la rédaction de ses mémoires de voyage, mais surtout à son ouvrage Le manuel du commerce des Indes Orientales et de la Chine. Membre du Conseil d’Agriculture, Arts et Commerce de la ville de Marseille, il est également élu le 7 avril 1806 à l’Académie de Marseille dans la classe des Sciences. Mais la contribution qui assurera sa postérité, il la ramène de Chine après son cinquième voyage en 1788 : le chrysanthème. Parmi les trois variétés dont il rapporte les boutures, une seule (la pourpre) survit au voyage et fleurit à Marseille et au Jardin des plantes à Paris.

Pierre Blancard à Aubagne

En 1813, il quitte Marseille pour s’installer à Aubagne, dans le quartier de l’Evêché. Le grand domaine appartient au notaire marseillais Jean-Joseph Bonsignour, son gendre, qui l’a acquis du dernier seigneur d’Aubagne, Monseigneur de Belloy, en 1792. Il y fait construire une grande maison en 1811 : c’est cette maison qui est habitée par Pierre Blancard jusqu’à sa mort le 13 mars 1826. Le 30 octobre 1938, un salon des Chrysanthèmes est organisé à Aubagne. Parmi les manifestations proposées : une exposition de souvenirs et documents sur Pierre Blancard, l’inauguration d’une promenade portant son nom, une conférence à l’hôtel de ville et enfin la pose d’une plaque commémorative sur la maison de campagne où il avait passé sa retraite. Malheureusement, la tombe de Pierre Blancard n’a jamais été retrouvée. Les chrysanthémistes lui rendent donc hommage sur le Monument à la Victoire. Symboliquement, une plaque commémorative a été posée sur une tombe du cimetière des Passons, sans savoir s’il s’agit là de la vraie tombe du marin.

Le saviez-vous ?

  • Dans son jardin aubagnais, Blancard a également planté des chrysanthèmes. Aubagne était donc une des premières villes à les recevoir !
  • Georges Sicard raconte que pendant le retour de son cinquième voyage, la frégate de Blancard a été victime d’une grosse tempête et d’une attaque de corsaires, contraignant l’équipage à rationner l’eau. L’explorateur aurait alors partagé sa ration avec ses trois boutures ramenées de Chine pour les sauver !
  • Le bibliothécaire de la ville de Marseille, Louis-François Jauffret, est le premier à écrire un article sur Pierre Blancard en 1829. Il y décrit un homme soucieux du bien-être de son équipage. D’ailleurs, Blancard ramène par deux fois son équipage entier sain et sauf, chose très rare à l’époque où les maladies et les pirates sévissaient.