À l’aube du XXe siècle, face au déclin des Pénitents gris, la commune céda la chapelle à la Congrégation des Femmes qui y enseigna longtemps le catéchisme aux jeunes Aubagnaises.

Patrimoine

La chapelle des charitables

Il y a 350 ans, la confrérie des Pénitents gris édifia sa chapelle au sommet de l’avenue Georges Clemenceau. Inscrit en 1927 sur l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, l’édifice sobre et discret connut bien des offices.

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Au milieu du XVIIIe siècle, trois confréries aubagnaises regroupaient près d’un millier d’habitants, soit 1/6e de la population de la commune. Après celle des Pénitents noirs et des Pénitents blancs, vint celle des Pénitents gris, créée en 1672 à l’initiative de 72 religieux. Leurs membres, appelés aussi Bourras, du nom provençal de la toile grise et grossière dont ils étaient vêtus, étaient soumis à un règlement très strict, sous peine d’amendes alors reversées aux nécessiteux. Ainsi que le raconte le Dr Barthélemy dans son Histoire d’Aubagne (1889), « le but poursuivi par la confrérie était digne d’éloge. (…) En se livrant exclusivement à la pratique des œuvres de charité par la prière, par les secours à donner aux pauvres et aux malades, par l’ensevelissement gratuit des indigents décédés à l’hôpital, et plus tard à ceux morts à leur domicile, la confrérie rendit service à la commune. » Rapidement, la confrérie édifia sa propre chapelle sur un terrain acheté en bordure des remparts, au sommet de l’avenue Georges-Clemenceau. Un monument sobre et discret, dont seuls le clocher-mur et les fenêtres de plein cintre donnant sur la rue indiquent aujourd’hui la présence.

La Révolution française vint en transformer l’usage. Alors que la confrérie des Pénitents gris ne fut supprimée qu’en 1792, l’édifice reçut dès 1790 les assemblées électorales, le Club des amis de la Constitution ou les audiences de justice et de paix. Puis la chapelle devint un magasin pour bestiaux où s’y vendaient caroubes, avoine et son. À la demande insistante des Aubagnais, elle retrouva en 1797 sa vocation religieuse, une restauration du culte qui, de messes en baptêmes, contribua à maintenir le monument en l’état. Quant aux Pénitents gris, ils furent les premiers confrères à être autorisés à agir de nouveau dans la cité, sous forme associative et sous contrôle du curé de la paroisse. Ainsi reprirent-ils leurs visites aux malades, leurs veillées des morts et le transport en sépulture, gratuit pour les pauvres, moyennant finance pour les riches.

À l’aube du XXe siècle, face au déclin des Pénitents gris, la commune céda la chapelle à la Congrégation des Femmes qui y enseigna longtemps le catéchisme aux jeunes Aubagnaises. Depuis quarante ans, l’ancienne maison des Pénitents gris accueille danses et musiques du folklore provençal. Si la vivacité des costumes des Dansaire de Garlaban tranche avec ceux des Bourras, demeure en ces murs l’esprit associatif qui les vit naître.