La Font-de-Mai

Fort d'une histoire remontant à l'Antiquité, le domaine de la Font-de-Mai nous offre aujourd'hui un éden de fraîcheur et de tranquillité à quelques encablures du centre-ville. Bref retour sur la longue histoire de cette immense propriété jadis familiale.

Les origines

Toponyme très ancien, il apparaît déjà dans les actes du XVIème siècle. Issu du latin fons-fontis et du provençal font-fouent, ce mot désigne une source naturelle. Il est souvent amalgamé ou suivi d’un adjectif qui le précise. Ici may signifie « plus » ce qui indique une source pérenne où l’eau coule toujours. Cette présence de l’eau a favorisé très tôt l’implantation humaine sur ces terres, en particulier dans les collines. Deux sites d’occupation antique ont été recensés : un secteur d’habitat aménagé (présence de fragments de paroi en pisé) était installé sur une crête dans une forte pente. Un second oppidum, dont l’espace est clôturé à l’est par un mur encore visible sur 20 m, est présent sur une hauteur dominant les accès du quartier du Bec Cornu et du quartier de la Font de Mai. Pour la période moderne, l’occupation du quartier est attestée par les actes notariés. Les plus anciens qui nous sont parvenus en l'état actuel des recherches font état en 1631 de l’existence d’une propriété de terres, bois, arbres, petite bastide vendue à un bourgeois de Marseille. Ces actes ne nous permettent pas de situer géographiquement ces propriétés au sein du quartier de la Font de Mai mais nous donnent déjà des indications quant aux superficies et aux habitants des lieux.

Histoire de la propriété

Nos recherches nous ont permis de retrouver le propriétaire du domaine dans la première moitié du XVIIIème siècle : Henri Arnaud. Son testament (1764) nous apprend beaucoup sur sa vie. Cet homme, illettré, faisait partie de la classe supérieure de la paysannerie, il était ménager. Les ménagers étaient propriétaires de leurs terres dont l’exploitation directe ou indirecte (arrentement, bail à ferme ou mégerie) leur suffisait pour vivre. Ils faisaient partie d’une micro-bourgeoisie spéculatrice tirant également leurs revenus de la transformation, la vente de leurs produits locaux (en particulier le vin et l’huile d’olive). A la Font-de-Mai, on produisait d’ailleurs à cette époque 13 000 litres de vin (cuit, rouge, blanc, piquette) par an stockés dans d’énormes cuves en pierre carrelées, et la présence d’un moulin à huile ancien laisse présumer que la production d’huile était une activité du domaine depuis fort longtemps.

Louis Arnaud, Emmanuel Arnaud, Pons Arnaud et Marguerite Arnaud, tous descendants directs d’Henri, héritèrent tour à tour du domaine. Le fils de Marguerite, Emmanuel Jullien, fit agrandir la bastide à la fin du XIXe siècle. C’est sans doute à ce moment que la tour ouest fut construite. Son fils, Jean-Louis, connut en 1935 l’arrivée de l’électricité à la propriété, mais celle-ci resta toujours alimentée en eau par deux citernes et les puits.

A partir de la seconde moitié du XXe siècle, la famille ne cultivait presque plus les terres du domaine et n’habitait plus vraiment la propriété, y préférant les commodités de la ville. De plus, un incendie sans doute provoqué lors de la retraite allemande en 1944 ravagea 67 hectares de colline sur le domaine. Un autre incendie, en 1965, consuma entièrement l’exploitation, entraînant l’arrêt définitif des cultures. En 1997, le domaine fut mis en vente et racheté par la Communauté d’Agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume, offrant ainsi à la population près de 235 hectares d’espace public naturel avec deux objectifs majeurs : préserver le patrimoine rural local et créer un départ de sentiers situé sur le domaine public vers le Garlaban et rejoignant les sentiers Marcel Pagnol parcourant le massif.

Architecture

Du point de vue architectural, la bastide de la Font de Mai est caractéristique de la maison paysanne provençale, construite en plusieurs étapes selon les besoins de la famille. Elle présente des volumes complexes compartimentés dans le sens de la longueur et dans la hauteur, d’une surface totale de 1312 m2 au XIXème siècle. Implantée en flanc de colline, protégée du mistral et des pluies, le corps de ferme exposé au sud, est posé sur la roche permettant une assise solide et un développement de la construction dans le sens de la pente. La maison rurale est dite tirée du sol. En effet la carrière sommaire proche de la maison a fourni les matériaux de construction. Deux fours à chaux se trouvaient également à proximité. Les murs sont en moellons non appareillés recouvert de crépis. Le bâti, les menuiseries et le mobilier intérieur encore en place témoignent de la simplicité et la rusticité de la maison paysanne provençale aux XVIII et XIXème siècles.

Le saviez-vous ?

  • Sentiers d'interprétation, écomusée, courses d'orientation, simples balades dans la nature... Les activités sont nombreuses au Domaine de la Font-de-Mai !