Patrimoine funéraire

Les cimetières sont souvent vus comme des endroits inquiétants où il ne fait pas bon de s'attarder trop longtemps. Mais si la mort a toujours fait peur à l'Homme, elle réveille également en lui des sentiments qui s'expriment au travers d'oeuvres artistiques...

Le Monument à la Victoire

A la fin de la Première Guerre Mondiale, les Français pleurent leurs morts et cherchent à les honorer. Dès le 8 décembre 1918, le Conseil municipal décide le vote d'un emprunt afin de financer l'érection sur le cours Legrand d'un monument "à la mémoire des enfants d'Aubagne morts pour la France". L'exécution de ce monument est confiée au sculpteur Henri Raybaud et à l'architecte Gaston Castel. Le Conseil municipal adopte le projet le 5 janvier 1919 et la décision est approuvée par le Président de la République lui-même dans un décret du 10 mai 1909.

La statue est composée de deux groupes, décrits comme suit dans le mémoire explication du "Monument à la mémoire des Victorieux Enfants de la Cité, morts pour la France" : 

" Sur un socle en belle pierre blanche s’élève le groupe allégorique en marbre de Carrare, représentant la Victoire ailée survolant deux soldats, un jeune chasseur alpin et un vieux poilu. Des attributs guerriers, roue de canon, affût, vieux casque boche sont à leurs pieds.

Au bas du monument, la Ville d’Aubagne, symbolisée par une noble femme, désigne à un enfant le respect et l’admiration que l’on doit avoir pour ces soldats, artisans de la Grande Paix – et d’un geste simple, elle tend une branche d’olivier à ses fils, vaillants héros dont elle s’enorgueillit."

En juin 1921, le bateau "Emmanuele Baratta", en provenance de Carrare et avec à son bord le bloc de marbre qui devait servir au sculpteur, sombre au large de Cavalaire. Un nouveau bloc doit donc être commandé et le monument ne sera inauguré que le 11 novembre 1922 sur la plus grande et belle place de la ville, lors d'une cérémonie civile au son de la musique municipale qui joue La Marseillaise.

Le Monument aux Morts

Après celui dédié à la Victoire, très vite le maire décide d’ériger un autre monument, le projet est validé le 3 janvier 1919 et il en confie l’exécution à un comité formé pour l’occasion le 23 mars 1919. Ce monument doit avoir le caractère religieux que celui du cours Foch ne peut pas avoir. Le maire répond ainsi à la demande des mères et des épouses de soldats aubagnais morts qui ne peuvent pas avoir de concessions perpétuelles, il sera en effet érigé sur un caveau prévu pour accueillir 32 corps.

Le Comité du Monument funéraire dédié à la mémoire des héros tombés au front est constitué par les notables locaux sous la présidence de Pierre-François Sauvaire, dernier Marquis de Barthélemy, délégué de l’Association des mutilés. Il mettra à disposition tout son engagement patriotique et ses relations pour la réussite de ce projet aussi bien lors de la collecte du financement que dans le choix du sculpteur Arthur Joseph Gueniot.

Dans ce monument, le caractère funéraire est affirmé par un bloc rectangulaire monumental surmonté d’une croix, l'ensemble surplombant le caveau. Le bloc est orné d’un bas-relief en pierre de Lavoux de 2m10 de hauteur. Il représente des soldats agonisants sur un champ de bataille levant les yeux vers le ciel et implorant la grâce divine tandis que le Christ apparaît dans les nuages, accordant son salut aux bienheureux qui peuvent alors accéder au paradis céleste.

Le monument est terminé le 30 mars 1922 à Paris. L'inauguration a lieu le même jour que celle du Monument à la Victoire. Pendant la cérémonie, le monument est copieusement fleuri et plusieurs discours rendent hommage aux Aubagnais morts pour la France.

Des tombes remarquables

Les grands Hommes n'étant pas immortels, nous ne pouvons que nous enorgueillir de la présence dans notre cimetière de tombes d'hommes et de femmes illustres. Au cimetière des Passons notamment, vous trouverez en vous promenant de nombreux noms familiers (Thérèse Neveu, Louis Sicard, Jean-Louis Barthélemy, Joseph Fallen, Jean-Baptiste Chaulan, Honoré Ganteaume...), mais également d'anciens maires (Beaumond, Boyer, Rey, Lafond, Amat...). Certains tombeaux appartiennent aujourd'hui à la Ville d'Aubagne et c'est elle qui est chargée de les entretenir.

Certaines tombes d'Aubagnais moins connus n'en sont pas moins des oeuvres d'art.

Pour vous aider à appréhender toute la dimension artistique des tombes du cimetière, vous pouvez télécharger ce petit guide qui vous donnera de nombreuses informations sur la symbologie funéraire et l'histoire du cimetière. Si vous préférez être accompagné, sachez que l'association Les Amis du vieil Aubagne proposent tous les ans autour de la Toussaint une visite guidée du cimetière des Passons. N'hésitez pas à prendre contact avec eux !

Le saviez-vous ?

  • Le petit garçon du Monument à la Victoire a été sculpté avec pour modèle le petit-fils du maire de l'époque, Joseph Lafond.
  • Au cimetière des Passons, on trouve aussi des "monuments morts" ! On peut par exemple trouver des pierres de l'ancien obélisque de la place Pasteur ainsi que l'ancien monument à l'abbé Barthélemy en pièces détachées.
  • En plus du carré militaire, un carré est également dédié à la Légion étrangère au cimetière des Passons.