Sylvain Bon

Sylvain Bon sur son tracteur à Beaudinard
Sylvain Bon sur son tracteur à Beaudinard
L’amour du terroir de père en fils.

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À l’est d’énormes nuages envahissent le ciel. « Crois-tu qu’il va pleuvoir ? » demande le père à son fils. « Si ça vient de la Sainte-Baume, en général il ne pleut pas » répond Sylvain à Denis. Celui-ci le sait depuis longtemps déjà, c’était juste histoire de dire…

La famille Bon est une famille de paysans aubagnais depuis au moins six générations. Situées essentiellement à Beaudinard, leurs terres étaient consacrées au maraîchage et aux fruitiers. Denis, le père, est le président en activité du Centre d’Etudes Techniques Agricoles (CETA). Cet héritage pourrait être lourd à porter, mais pour Sylvain, les choses se sont faites naturellement. Il s’est formé à l’école agricole à Lambesc et n’avait pas forcément dans l’idée de reprendre la ferme familiale. Après avoir suivi quelques stages dans différentes exploitations, il s’est associé avec son père, jusqu’à sa retraite en 2018. Aujourd’hui, il consacre son activité au maraîchage, avec plus de 50 espèces cultivées, et il dispose de cinq cents arbres fruitiers et autant d’oliviers au pied du Garlaban. La ferme fait vivre 5 personnes, c’est-à-dire 3 employés, son épouse et lui-même.

« Je suis passionné par mon métier, je me réveille du bon pied tous les matins : c’est un métier gratifiant, on fait plaisir aux gens et ils nous le rendent… J’essaie de fournir un produit de qualité, sain et abordable.  Il est très important pour moi d’avoir un rapport direct avec les clients : en définitive, je m’invite tous les jours dans leur assiette ! »

Avec trois enfants de 10, 12 et 14 ans, Sylvain Bon et sa famille s’octroient plus de loisirs que les agriculteurs de la génération précédente. Il laisse à ses enfants le choix de s’orienter vers le métier qu’ils préfèreront : comme lui, son aînée se montre intéressée par une carrière agricole, plutôt tournée vers la vigne et le vin, une évolution de la production que Sylvain envisage sereinement.

D’une taille assez grande, Sylvain Bon dégage une certaine tranquillité, et se montre à la fois attentif et confiant : « Je n’ai jamais eu peur de l’avenir. Certes les choses évoluent très vite, il faut savoir s’adapter à la demande, aux modes. Mais je n’ai pas peur d’expérimenter, je ne m’accroche pas à de vieilles méthodes. Le système de production reste globalement le même, c’est le système de vente qui évolue. » Il écoule toutes ses productions en vente directe, sur les marchés, en paniers à la ferme ou dans le magasin de producteurs de Napollon qu’il a créé, puis développé dans le quartier de Mazargues à Marseille.

Pour Sylvain, un agriculteur est d’abord un homme libre : « Je ne pourrai pas faire autre chose. La liberté ! On fait les choses comme on les sent ! Je comprends les paysans qui rouspètent, qui se rebellent. La liberté s’oppose aux contraintes. »

Sa bible ? « Manon des Sources » de Marcel Pagnol. « Au-delà du style, tout est dedans, c’est tellement d’actualité ! C’est la réalité de la campagne, ce que je vis chaque jour. Les caractères, la dureté de la nature qui est souvent contre nous. Et surtout la force des personnages, libres et entiers. »