
Betty Correa

Victoire aux poings
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Les chocs sourds résonnent sur le sac. Tour à tour poings, pieds, coudes, viennent marquer le cuir avec vigueur et détermination. Dans la petite salle du Charrel où elle s’entraîne sans relâche depuis bientôt deux ans, Betty Correa a su gagner le respect des boxeurs qui fréquentent le lieu et rêvent d’un palmarès comme le sien. À 39 ans, malgré la liste impressionnante de ses titres, Betty se fixe encore des objectifs majeurs.
Née à Vitry, Betty a commencé sa carrière professionnelle au sein de l’Armée de terre, dans la logistique et le transport : jeune caporal, elle est déployée en opérations extérieures au Kosovo. En 2009, elle découvre la boxe, initiée par un coach militaire qui perçoit son potentiel. C’est une révélation pour Betty : à la fois puissante et longiligne, elle est sur le ring six mois plus tard pour remporter un premier titre de championne de France de boxe américaine.
En 2011, elle part s’installer à la Réunion : « J’y suis restée jusqu’en 2018 et c’est là-bas que j’ai développé ma boxe. Ça boxe beaucoup dans l’île, il y a de grands boxeurs, un grand nombre de clubs, les Réunionnais sont passionnés ! » Betty est championne de la Réunion en 2011, remporte la Coupe du monde en 2012, puis devient championne du monde en kick-boxing et en K1 en 2013. En 2014, la voilà championne du monde en kick-boxing et en muay-thaï, vice-championne en K1.
En 2016 sa vie prend un virage, elle interrompt sa carrière sportive pour retrouver une stabilité professionnelle. Elle quitte la Réunion, reprend son activité dans la logistique, et c’est une opportunité professionnelle qui la fait s’installer à Aubagne en 2023. Au Charrel, le club de muay-thaï de Miloud Khouani lui tend les bras. Elle reprend les entraînements avec un objectif : participer au championnat du monde en mai 2025. « La reprise a été difficile au niveau physique. J’avais pris du poids, j’ai dû suivre un régime strict ! Mais je suis forte mentalement. Sur le ring je prends le lead, j’avance beaucoup… si je prends un coup j’ai envie d’en rendre deux ! » Ses efforts payent, elle intègre l’équipe de France de muay-thaï, obtient une médaille de bronze en mai dernier en Turquie. Le championnat d’Europe se profile en novembre, ce sera sa dernière grande compétition en amateur avant la limite d’âge de 40 ans. « Je n’ai pas eu d’idoles ou de modèles, ma vie est faite de rencontres. Je me suis construite en me disant que la première personne à battre, c’était moi-même. Je me suis confrontée à mes limites en essayant d’aller toujours plus loin. »
Avec son diplôme d’instructrice fédérale, Betty envisage avec Miloud d’entraîner une nouvelle section de boxe féminine à Aubagne.