Infectiologue, le Dr Julie Allemand se partage entre le Centre de Vaccinations Internationales (CVI) du centre hospitalier Edmond-Garcin dont elle est responsable depuis son ouverture, il y a deux ans, et le CVI de l’Hôpital Européen Marseille qu’elle dirige depuis une dizaine d’années.

Professionnel

Julie Allemand

Infectiologue

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Infectiologue, le Dr Julie Allemand se partage entre le Centre de Vaccinations Internationales (CVI) du centre hospitalier Edmond-Garcin dont elle est responsable depuis son ouverture, il y a deux ans, et le CVI de l’Hôpital Européen Marseille qu’elle dirige depuis une dizaine d’années.

Une activité qui l’engage à mener de front le suivi de ses patients souffrant d’infections chroniques, celui des personnes atteintes par la Covid-19, l’organisation et le suivi de la vaccination contre ce virus.

Pourquoi avoir choisi d’être infectiologue ?

J’ai une formation de médecin généraliste. Au départ, je voulais m’investir dans l’humanitaire, mais j’ai vite compris que cette activité serait peu compatible avec une vie de famille. Je m’en suis quand même approchée pendant mon internat, notamment au Cambodge où, en mission avec Médecins sans Frontières, j’ai pris en charge des patients infectés par le VIH. C’est de cette manière que j’ai fait mon entrée en infectiologie. J’ai poursuivi cette formation pendant mon internat et mon assistanat. Le côté prévention de la médecine m’a toujours intéressée, comme l’éducation à la santé, à l’hygiène, la vaccination. Ce sont des actes de soin à part entière.

Comment avez-vous vécu l’apparition de la maladie de la Covid-19 ?

En janvier 2020, j’ai pensé comme mes collègues que l’épidémie allait se cantonner à la Chine. Nous étions vigilants, mais nous n’imaginions pas une seconde ce que ce virus allait provoquer. Début février, des témoignages très inquiétants de soignants nous sont parvenus, évoquant le confinement, le dépassement des capacités hospitalières, l’approvisionnement difficile en matériel. Cet état de chaos nous paraissait tellement irréel. En même temps les experts étaient plutôt rassurants, évoquant un virus respiratoire comme un autre.

C’est à la mi-février, quand la situation a flambé en Italie puis dans le grand Est de la France, que nous nous sommes rendu compte de la virulence du virus. De fin février à fin avril, j’ai abandonné toutes mes autres activités pour me dédier aux patients atteints par la Covid-19. Ce n’est pas leur prise en charge qui nous a le plus épuisés.

C’est la nécessité de se réadapter en permanence par rapport aux traitements, aux protocoles de soins, c’est la possibilité ou non de faire passer nos malades les plus graves en réanimation. Et d’interroger notre positionnement : n’oublions pas nos autres malades ; les met-on en danger en fermant les hôpitaux aux autres activités médico-chirurgicales ? Il nous fallait cependant rester dans le droit chemin, connectés aux patients, et garder confiance dans notre prise en charge.

Et l’espoir est revenu avec la mise au point des vaccins…

J’ai commencé à y croire très tardivement, fin juillet, après les premières études en double aveugle menées par les compagnies Pfizer et BioNTech. Avec l’arrivée des publications scientifiques en novembre, j’ai été stupéfaite. Une efficacité à 95% sur les formes symptomatiques de la maladie, sept jours après la deuxième dose, c’était inespéré !

Nous ne savons pas encore ce que nous réservent les prochaines semaines sur l’évolution de l’épidémie, sur la protection des vaccins face à la contagiosité, sur le maintien de leur efficacité face à des mutations du virus. Mais nous devons rester sur le front de la vaccination, en continuant à protéger en priorité les plus fragiles à risques de formes graves, les soignants indispensables pour combattre cette épidémie.

Le but de cette campagne de vaccination étant de prévenir la saturation des hôpitaux et de permettre, à terme, d’éviter de nouvelles restrictions. Que l’on puisse reprendre une vie comme avant, et au plus vite.