Il a bourlingué dans le monde entier.
Il a bourlingué dans le monde entier.

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Maurice Pont

Retraité actif

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On l'a vu sur le fleuve Chari faire du ski nautique avec les hippopotames plongeant à son approche, chérir la mécanique des avions et des radios, aimer ouvrir le ventre de ces appareils. On l'a vu faire à Châteauroux, Nantes, Salon, Orange, dans les pays du Maghreb, au Tchad. Nous n'étions pas nés.

Dans les pays en conflit, il a frôlé la mort. On l'a vu à Aubagne, à l'âge de 70 ans par amour pour sa compagne, professeur de sports, créer l'association de gymnastique volontaire. On l'a vu guide de randonnée dans nos collines jusqu' à 80 ans et, quatre ans après, cesser tout activité physique. Aujourd'hui, un monte-escalier pallie la trahison de ses jambes. Les souvenirs accrochés au mur ou posés sur le buffet ravivent des kilomètres de vie en rose ou en noir : les trophées des voyages, les profils en ébène de bantous et haoussas, voisinent avec les portraits des êtres chers top tôt disparus.

De père ariégeois et de mère albigeoise, Maurice Pont n'a jamais perdu leur accent et, comme eux, roule les "r" «comme un ruisseau roule des graviers», dixit Marcel Pagnol, son auteur favori. Ayant perdu son père, décédé des suites de ses blessures pendant la guerre de 1914-1918, il est placé par sa mère, qui ne peut subvenir aux besoins de la famille, dans un orphelinat religieux à Albi. «J'ai été bien traité et bien éduqué», souligne celui qui après avoir obtenu le bac, enseignera les maths, la physique et la chimie pendant deux ans pour rembourser les frais engagés par l'institution. « Depuis tout petit, raconte Maurice, j'étais fasciné par les transmissions radio. Mais je n'avais pas les sous pour payer des cours». Aussi quand un ami lui apprend qu'à l'armée on les lui donnera gratuitement et qu'en prime il sera payé, Maurice est heureux d'être appelé sous les drapeaux. En 1947, il est incorporé dans l'Armée de l'air où il restera 28 ans. Après la réussite au concours de l'école de l'air des officiers à Salon, il bourlinguera à travers le monde comme officier mécanicien et télémécanicien. Il terminera sa carrière à Orange, en tant que chef des moyens techniques, avec le grade de lieutenant-colonel.

Du plus loin qu'il se souvienne, le sport a toujours fait partie de la vie de Maurice Pont : cross-country, football, judo, tennis, randonnée, vol à voile... «Le sport, avoue-t-il, c'est le plaisir de se dépenser, de se dépasser, de se prouver que l'on est capable de réussir ce que l'on entreprend». Durant sa période militaire, il fonde ou est responsable de différentes sections sportives et clubs des bases aériennes où il est en mission. Lorsqu'il prend sa retraite, il poursuit ses activités sportives. Ce qui lui vaut, «pour les services rendus à la cause», de recevoir la Médaille d'or de la jeunesse et des sports. La reconnaissance suprême des mérites des bénévoles, leur «légion d'honneur», leur Graal, si tant est qu'ils recherchent un tel hommage !

À son âge, après toutes ses pérégrinations, il pourrait en raconter des histoires de jadis et de naguère, Maurice Pont. Avec un savoir-faire certain, lui qui faisait cela, oralement, lors des randonnées, ou par écrit, lui qui a été à un moment donné rédacteur pour la Lettre de la vie associative... Aujourd'hui, il préfère se consacrer à perfectionner son espagnol à l'Université du Temps Libre et à chercher de ses ancêtres. Et s’il ne peut guère se déplacer, qu'à cela ne tienne: il utilise toutes les ressources du web comme un vrai geek de la généalogie. Un retour vers le passé avec de nouvelles technologies…. Nonobstant ses 93 ans, Maurice Pont, regarde toujours vers l’avenir car, pour lui, chaque instant est un commencement…