Emmanuel Agnel dans son atelier en pleine préparation de la crèche panoramique 2019.
Emmanuel Agnel dans son atelier en pleine préparation de la crèche panoramique 2019.

Artisan

Emmanuel Agnel

Santonnier

Publié le

Comment la passion de la crèche et des santons gagne-t-elle un homme dès son plus jeune âge ? Il suffit de se tourner vers Emmanuel Agnel pour le savoir. Très tôt à l’approche de Noël, Emmanuel, plus connu à Aubagne sous le diminutif de Manu, est monté à la Font de Mai pour aller chercher de la mousse destinée à la crèche familiale. « J’étais bricoleur, je fabriquais beaucoup de choses avec mon père, et les santons c’était mes Playmobils à moi », raconte Manu. Cependant, avant de fabriquer, crèches, santons et céramiques, il est passé par l’orientation quelque peu hasardeuse de l’Éducation Nationale qui l’a dirigé vers la comptabilité, alors que la menuiserie aurait tellement mieux collé aux ambitions de ce « bricoleur débrouillard ».

Puis il y eut l’armée et au retour en 1993, par hasard, Manu a franchi le seuil de la maison Sicard pour ne plus la quitter. Raymond Amy, céramiste santonnier, lui a proposé un poste sur le stand du marché d’hiver et son aventure en Argile a commencé. Pas à pas, il a d’abord fabriqué les grands décors de Noël pour les centres commerciaux, des crèches panoramiques allant de 20 à 40 m2. Puis il a débuté une production de santons en regardant comment travaillait le maître. Manu Agnel est humble et ne se pense pas être aussi doué que Raymond Amy en matière de santons, bien qu’il dise « sculpter avec la patte de Raymond ». Il est l’héritier d’une grande lignée de céramistes et santonniers et le montre aujourd’hui avec le village des Santons, « son bébé », un de ses plus gros défis.

Une des grandes fiertés de Manu est aussi d’avoir repris le flambeau de la crèche panoramique du centre-ville d’Aubagne, celle qui attire petits et grands à l’approche de Noël. En 2012, il est reparti de zéro et a créé dans la pure tradition les décors de la crèche qui réunit les petits personnages nés des mains des membres de l’association des Céramistes et Santonniers du Pays d’Aubagne. On y reconnaît au centre Garlaban ceint d’un paysage tout imaginaire. « Je veux que les gens se projettent, fassent fonctionner leur imagination », explique Manu, et il poursuit : « je dispose les santons tout autour, mais jamais de la même façon, pour ne pas lasser ».

Et son visage s’épanouit au récit des petites nouveautés qu’il intègre, là un meunier endormi dans le pétrin, là encore ces supports en bois qu’il fabrique pour reconstituer de vieilles scènes. Il est très attaché à la tradition mais commence à penser à ces santons contemporains qu’il pourrait sculpter de ses mains… « Créer des santons, c’est donner de la vie », lâche-t-il. Il avoue même leur parler !