Délibération du Conseil municipal d'Aubagne concernant l'organisation de la Fête de la Fédération.

Histoire

Un premier 14 juillet à Aubagne

Le 14 juillet 1790, les Français commémorent en grande pompe l'anniversaire de la prise de la Bastille. C'est la Fête de la Fédération à laquelle Aubagne participe ardemment.

Publié le

Dans une ville profondément divisée entre républicains et monarchistes, la municipalité d'Aubagne et son maire François Carbonnel, élu six mois plus tôt* , délibèrent le 10 juillet : ce 14 juillet sera un jour chômé ; il s'agit de « ne rien oublier pour rendre cette fête aussi majestueuse que le jour mémorable qu'elle nous rappelle ». Un gigantesque autel à quatre faces sera dressé au croisement de la Grand'rue (l’actuelle rue de la République) et de la rue Saint-Matthieu (notre boulevard Jean-Jaurès). Au centre de l’autel sera installée une tour couverte de papier rouge dont le contenu doit demeurer secret. Demande a été faite au chef de la garde nationale de se procurer de la poudre à canon « pour faire quelques décharges d'artilleries ».

Le mercredi 14 juillet, la municipalité se rassemble à 10h à l'Hôtel de Ville de la rue Gachiou, bientôt rejointe par les quatre prêtres qui officieront ensemble sur l'autel de la patrie. Encadré par la première compagnie de grenadins, drapeaux déployés et tambours battant, le cortège descend vers la rue Saint-Matthieu, sous les applaudissements de la foule. La messe commence. Alors que les prêtres entament l'hymne du Gloria in excelcis Deo, un millier d'oiseaux s'envolent de la grande cage que dissimulait le mystérieux papier rouge. La surprise et les acclamations du public décuplent la force du symbole: celui de la liberté donnée au peuple.

Serment civique

Vient l'heure du serment. À celui du clergé local succède celui de la garde nationale puis, au son de la cloche et au bruit de l'artillerie, celui de la municipalité. Malade, le maire est remplacé par Gabriel Jourdan, premier officier municipal, qui prononce le célèbre discours : « Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi, et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité ».

Bals populaires, danses joyeuses, illuminations... La fête se poursuit jusqu'à minuit dans tous les quartiers d'Aubagne. Un fait divers retentissant viendra cependant troubler la mémoire collective de ce premier 14 Juillet. Au cours du banquet qu'il donne ce jour-là dans son château de Gémenos, le marquis d'Albertas, noble libéral qui, très tôt, a abandonné ses privilèges pour témoigner de son adhésion aux principes de la Révolution, est assassiné par un jeune étudiant en chirurgie. Mais ceci est une autre histoire...

(*) Lire aussi «10 février 1790 : les premières élections municipales», AJJ 837, mars 2020, p. 34.
Sources : César Couret (Histoire d’Aubagne, 1880), chanoine Gabriel (manuscrit rédigé entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle) et Lucien Grimaud (Histoires d'Aubagne, 1973).