Vestiges de l’une des cuves mises au jour. (Rapport de diagnostic, Séverine Scalisi, INRAP)

Histoire

Place des Quinze : les vestiges d'un artisanat médiéval

La proximité des travaux d’embellissement du centre-ville avec l’ancien centre médiéval d’Aubagne et de sa basse ville a conduit la Préfecture à prescrire un diagnostic mené par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives. L’un des cinq premiers sondages effectués cet été a mis au jour les vestiges d’un pôle artisanal du Moyen-Âge tardif.

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L’un des deux sondages réalisés à la jonction de l’avenue Loulou-Delfieu et de la place des Quinze a tout d’abord révélé la présence d’un caniveau constitué de cailloux de calcaire brut liés à l’argile. Du fait de sa légère pente sur un axe Nord-Sud, le rapport de diagnostic conclut « qu’il est fort probable que cette structure captait l’eau de l’ancien lit de l’Huveaune situé quelques mètres au Nord pour alimenter le secteur méridional du quartier ».

L’îlot de la Tête Noire

Un autre sondage a mis cette fois en évidence, à 1,20 mètre de profondeur, « un petit pôle artisanal, large de 12 mètres environ, composé essentiellement de cuves et de calades (voies pavées), ayant subi de nombreuses évolutions ». Certains des fragments d’objets en céramique (marmite, anse, faïence…) prélevés sur place ont permis « d’avancer que ce pôle a été actif au moins à partir des XIVe-XVe siècles et démoli au plus tôt au dernier quart du XVIIe siècle ».

 

Une trouvaille d’importance : la confrontation des données de terrain avec les archives historiques fait correspondre ces vestiges avec l’implantation de l’une des deux premières tanneries aubagnaises, « indiquée dans le cadastre de 1470 et existant au Bourg de Cuelongue », comme en fait mention le Dr Barthélemy dans son Histoire d’Aubagne. Rappelons que le tannage est la plus ancienne activité artisanale représentée à Aubagne, soit dès le début du XVe siècle, l’artisanat lié à l’argile n’apparaissant qu’un siècle plus tard. Un plan de 1746 figurant l’îlot alors dit « de la Tête Noire » montre que ce pôle artisanal a disparu au profit d’un ensemble de maisons formant l’entrée de la rue des Hôtes (aujourd’hui rue Domergue).

Après le recouvrement progressif du Merlançon puis l’aménagement d’une route royale Marseille-Toulon, l’îlot de la Tête Noire sera démoli pour élargir l’entrée de ville. Ce délaissé se transformera en place, portant successivement les noms de Notre-Dame, Dauphine, Domergue et, à partir de 1945, place des Quinze en hommage aux quinze Aubagnais morts les armes à la main le 21 août 1944, lors de la libération d’Aubagne.

À lire aussi sur www.aubagne.fr/ajj :

> AJJ 810, octobre 2017, p. 40 : Les Ponts d’autrefois, en relation avec la découverte en juin 2017, lors de travaux de voirie, des vestiges de la pile du Pont Neuf.

> AJJ 827, avril 2019, p. 38 : De la fontaine à l’horloge : les visages de la place Pasteur.