Histoire

Le Christ en croix restauré

Rue de la Dîme, la sculpture en bois d’orme inscrite au patrimoine mobilier de la ville a retrouvé son éclat d’origine. Une opération délicate prise en charge par l’association des Amis du Patrimoine de la paroisse Saint Matthieu.

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C’est en 1826, en souvenir de la mission à Aubagne du père Marius Suzanne, que le Christ en croix, sculpté dans du bois d’orme, fut placé devant la grande porte de l’église Saint-Sauveur. Dans son histoire de la paroisse (1900), le chanoine Gabriel raconte que trente hommes, « se relevant de distance en distance », furent mobilisés pour la longue procession qui, passant des Aires Saint-Michel au pont en planche (pont de la Planque), du chemin de Beaudinard au cours de Lafranchisque, longeant la Grand’Rue (rue de la République), les rues Ganteaume (rue Chaulan) et Jeu-de-Ballon, porta ce Christ d’une centaine de kilos jusqu’à la place de l’Eglise.

Subissant de plein fouet les agressions du mistral, la croix fut déplacée en 1846 pour être suspendue contre la façade sud de l’édifice. Le temps n’en fit pas moins son office. Déjà restauré à trois reprises depuis 1984, ce Christ inscrit au patrimoine mobilier de la Ville d’Aubagne réclamait une nouvelle intervention. Les Amis du Patrimoine de la paroisse Saint Matthieu ont souhaité cette année prendre à leur charge sa restauration complète, la commune s’engageant pour sa part à assurer la dépose et la repose de l’œuvre.

Cette opération délicate a été confiée à Olivier Beboutoff, artisan-ébéniste à Ceyreste. « L’eau s’étant infiltrée par le haut, le bois sculpté avait pourri à l’intérieur », précise cet élève du maître artisan aubagnais André Pariollaud, qui restaura lui-même le Christ en croix en 1994. Il lui a fallu décaper à la main la totalité de la sculpture, avant de procéder à des infiltrations de bois pour en reconstituer la structure interne. « Je lui ai refait une colonne vertébrale !» Les personnes qui ont déjà eu l’occasion d’admirer le résultat ont pu constater combien l’artisan a su rendre à l’oeuvre ses reliefs et nuances, laissant transparaître, par la qualité du ponçage et du vernissage, les contrastes de bruns et les nervures du bois. Des teintes qui mettent en valeur la rénovation du pagne beige (périzonium) qui ceint les reins du Christ.