Beaudinard reste le berceau aubagnais du maintien de la tradition du cheval de trait.

Cadre de vie, Sport

La ville qui murmure à l'oreille des chevaux

Il suffit de suivre l'une de ces petites routes qui s'écartent du centre-ville pour voir apparaître la silhouette paisible d'un cheval ponctuant le paysage. Avec ses 42% de forêts et d'espaces naturels, Aubagne offre des espaces préservés au pied des collines qui permettent un large éventail de pratiques équestres, du loisir à la compétition.

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Valérianne De Souza est la jeune propriétaire de l'un des centres équestres en activité sur la commune: tombée en amour avec le cheval dès l'âge de 3 ans, elle en a fait son métier, qu'elle exerce avec passion et exigence. « Après mon diplôme d'éducateur sportif, j'ai pu rapidement monter mes écuries en 2015. Je peux aujourd'hui satisfaire n'importe quel public, du plus jeune au plus âgé, à l'exception du public en situation de handicap qui demande une grande spécialisation. » Son centre héberge plus de 70 chevaux et poneys et compte près de 200 licenciés, dont un tiers fait de l'équitation en compétition. « C'est un métier très difficile car il y a beaucoup d'affect, avec les chevaux comme avec les enfants. Lorsqu'il nous arrive de perdre un animal, ce sont des nuits d'insomnie et de remise en question. »

Mais tous les propriétaires de centre équestre ne sont pas forcément cavaliers : Philippe Skalli a racheté le sien avec son épouse, en partie pour que ses filles puissent continuer d'y pratiquer leur passion. D'une quasi-ruine, il a fait en quelques années un club de grande qualité avec les équipements, les chevaux et les enseignants à la hauteur de ses ambitions. « Signe de réussite, quelques années plus tard, ma fille participait à 15 ans au championnat d'Europe, avec son poney entraîné à Aubagne ». Contre l'idée reçue, Philippe soutient que l'équitation n'est pas réservée aux plus aisés et propose des tarifs abordables pour les jeunes cavaliers, ou plutôt cavalières, car l'activité attire en majorité les filles.

70 étudiants à cheval

À l'antenne aubagnaise de la Faculté des Sciences et du Sport de Marseille-Luminy, des étudiants en licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) se spécialisent en Activités physiques adaptées et santé (APAS), mention Activités équestres adaptées (AEA). L'antenne compte 70 étudiants, installés depuis 2016 dans des locaux mis à disposition par la Ville, engagée par ailleurs dans le développement d'un véritable campus universitaire. « Ces étudiants, qui disposent au moins du niveau Galop 5, se destinent à travailler auprès de publics touchés par un handicap moteur ou cérébral, par le vieillissement, les maladies chroniques, en rééducation ou en réinsertion sociale » explique Cyril Peyre, le responsable de l'antenne. « La relation avec le cheval a un effet totalement thérapeutique », insiste Ilona, 20 ans, qui a le projet d'être kinésithérapeute.

Dans la plaine de Beaudinard, une rencontre avec François Desmero illustre cet effet bénéfique: François entretient avec Blum, cheval comtois, et Epona, jument camarguaise encore à demi-sauvage, un rapport très singulier d'où la contrainte est exclue : « C'est un échange mutuel. Je passe beaucoup de temps avec eux, c'est un vrai travail de méditation. Ils ont besoin de proximité, je leur parle tout le temps pour les rassurer. Moi-même, je ne les ai jamais montés, d'abord parce que ça me fait peur », sourit-il malicieusement, « et puis notre relation se situe à un autre niveau ».

Beaudinard reste le berceau aubagnais du maintien de la tradition du cheval de trait. Ce matin, Robert, Marc et Daniel se retrouvent pour laisser s’ébrouer Bijou, breton de 17 ans et Éclipse, superbe jument comtoise de 6 ans. « Ce sont des animaux très musclés qui doivent se dépenser deux fois par semaine. En été, pour la Saint Éloi, ils participent à toutes les cavalcades de la région, soit environ une quinzaine de juin à septembre, ainsi qu’à des événements comme la fête 1895 ou le Téléthon ». Les propriétaires de ces magnifiques animaux sont parmi les plus ardents défenseurs des traditions provençales que les Aubagnais sauront célébrer dès les premiers beaux jours.